L’inquiétude manifestée pour la première fois par Mario Draghi sur la baisse des anticipations d’inflation ravive les attentes de lancement d’un QE.
Mario Draghi a ouvert une brèche lors de la réunion des banquiers centraux à Jackson Hole en reconnaissant pour la première fois que «sur le mois d’août, les marchés financiers ont indiqué que les anticipations d’inflation ont enregistré des baisses significatives sur tous les horizons temporels. Le taux de swap 5 ans dans 5 ans a reculé de 15 points de base juste sous les 2% -ce qui est notre indicateur généralement utilisé pour mesurer l’inflation à moyen terme. Mais si nous allons vers des horizons plus courts ou de moyen terme les révisions ont été encore plus marquées ».
Outre le recul du taux 5 ans dans 5 ans sous les 2% à 1,95%, le taux de swap inflation zone euro à 10 ans a chuté de 23pb depuis début juillet pour tomber à 1,47%, soit son plus faible niveau historique. Le point mort des obligations indexées à 10 ans a également chuté de 23pb en France à 1,23%, de 15pb en Italie à 1,01%, de 22pb en Espagne à 1,13% et de 21pb en Allemagne pour tomber à son plus bas historique de 1,15%. Sur les maturités plus courtes, les taux de swap inflation à 2 ans et 5 ans sont revenus à 0,60% et 1%.
Les marchés n’anticipent pas de retour de l’inflation vers la cible de la BCE avant environ 15 ans, même si les professionnels interrogés par la BCE ont ajusté leurs anticipations d’inflation à 5 ans légèrement à la hausse à 1,9%. Les chiffres publiés vendredi devraient révéler une nouvelle baisse de l’inflation en zone euro en août à 0,2% et à 0,7% pour l’indice sous-jacent, selon BNP Paribas. Alors qu’elle devrait rester stable en Allemagne à 0,8%, en France, en Espagne et en Italie elle devrait baisser de 0,2 point à 0,4%, -0,6% et -0,2%, faisant passer l’économie italienne en zone de déflation avec l’Espagne.
De quoi raviver les anticipations d’un recours à des rachats de dettes souveraines. «Le plancher de zéro pour les taux directeurs et la faible inflation maintiennent les taux courts à des niveaux bien trop élevés», estime SG CIB. Une hausse des taux réels à court terme a été pointée du doigt vendredi par Mario Draghi qui a ajouté que la stabilité des taux longs n’est due qu’à une baisse généralisée des taux nominaux. La BCE devrait néanmoins attendre les effets du TLTRO qui débutera le mois prochain ainsi que ceux du prochain programme de rachats d’ABS, selon CA CIB qui ajoute qu’une partie de la correction sur les anticipations d’inflation peut être due au manque de liquidité de ce marché par rapport à celui des obligations classiques.
(L’Agefi)